Dans la ville blanche

Séance du
  • Réalisation: Alain Tanner
  • CH/GB/PT, 1983
  • 108 minutes
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Dans la ville blanche

Mécanicien à bord d'un bateau, Paul profite d'une escale pour débarquer. Il aime cette ville où il a décidé de s'arrêter, comme pour y casser ses attaches, comme pour y faire le vide, loin du temps et de l'espace. Il aime également deux femmes en même temps ; Rosa, la serveuse d'un bar-hôtel et Elisa, sa femme, à qui il envoie des lettres accompagnées de films super-8 parlant de sa désertion et de cette autre femme.

Générique

Réalisation
Alain Tanner
Scénario
Alain Tanner
Production
Paulo Branco, Alain Tanner, António Vaz da Silva
Photographie
Acácio de Almeida
Montage
Laurent Uhler
Musique
Jean-Luc Barbier
Interprétation
Bruno Ganz (Paul), Teresa Madruga (Rosa, la serveuse), Julia Vonderlinn (Élisa, la femme de Paul)
Origine, année
CH/GB/PT, 1983
Durée
108 minutes
Distribution
Cinémathèque Suisse

Citation

Avec le recul, je réalise qu’en tournant "Dans la ville blanche" à Lisbonne, j’avais cru que le personnage de Paul qu’incarnait Bruno Ganz était un peu mon alter ego. En fait, il était mon fantôme.

Alain Tanner

Commentaires

"Dans la ville blanche" est un tournant dans le cinéma d’Alain Tanner. Renouant avec le succès public qui avait manqué depuis "Jonas qui aura vingt-cinq ans en l’an 2000", le film marque en outre une rupture esthétique dans l’œuvre. Si la fuite, le désir de solitude étaient des thèmes tannériens, ils se développaient toujours sur un socle issu du gauchisme, fait de conversation et de fantasmes ludiques, un paradis de mots et de facéties où les personnages habitaient. Rien de tel dans ce film qui impressionne par son silence, sa poésie dépouillée et sa mélancolie sombre. Le cinéaste suisse s’est-il rappelé sa jeunesse dans la marine marchande pour imaginer ce portrait de marin (sublime Bruno Ganz) quittant tout pour se fondre corps et âme dans Lisbonne ? Au début du film, [Paul] fait remarquer à une barmaid que l’horloge de son bar marche à l’envers. Elle lui répond : « L’horloge marche juste. C’est le monde qui marche à l’envers. » C’est sous le signe de ce dérèglement que le personnage vit sa solitude urbaine, enregistrant avec sa caméra super 8 les fragments de réel qu’il envoie à sa femme, circulant au hasard comme s’il attendait d’être pris par le réel, de faire partie de lui. Avec "Dans la ville blanche", Tanner s’affirme comme un grand cinéaste du territoire, la carte du personnage et la topographie de la ville finissant par se confondre peu à peu. Car le rêve fou du marin est peut-être simplement de devenir Lisbonne.

Frédéric Bas
«Alain Tanner – Ciné-Mélanges», 2007

La blancheur de la solitude nimbe l’œuvre d’Alain Tanner, remplie de personnages en fuite, oppressés par un ordre social implacable (souvent au sein d’une Suisse conformiste jusqu’au plus terrible malaise) dont ils voudraient se libérer mais auquel ils n’arrivent à échapper qu’au prix d’un détachement d’avec le réel lui-même. Fuir, ou tenter de fuir leur pays, pour eux, c’est souvent perdre le monde lui-même. C’est le sort que risque de connaître Paul, le marin de "Dans la ville blanche", qui profite d’une escale à Lisbonne pour rompre ses attaches, se laisser dériver, tandis que son cargo repart en direction de l’autre côté de l’Atlantique.

Jean Gavril Sluka
dvdklassik.com, 30.06.2021

Dans cette ville blanche écrasée sous la chaleur et hypnotique, le réalisateur genevois Alain Tanner signe une bouleversante quête de sens et de liberté, celle d’un homme perdu qui espère se retrouver grâce au miracle (mirage ?) de l’amour. Si Lisbonne est la véritable héroïne du film, Lausanne n’est jamais très loin, comme un miroir sans tain ou un écho permanent, le souvenir d’une vie d’avant qui peut peut-être encore ancrer l’ex-marin égaré dans sa fuite en avant. Le cinéaste prend le parti de l’errance et de la contemplation dans de longues scènes qui mêlent rêves et réalité, usant d’une poésie du silence et du temps mort absolument atypique au cinéma. Bruno Ganz, qui incarne Paul et est pratiquement présent dans chaque plan, tour à tour torturé ou désinvolte, a trouvé sans doute ici un de ses plus grands rôles.

Thomas Lécuyer
LausanneCités.ch, 23.07.2022

Récompenses

1984
César: Meilleur film francophone
1984
Fotogramas de Plata: Mejor Película Extranjera

Filmographie (Sélection)

1966
Une ville à Chandigarh
1969
Charles mort ou vif
1971
La Salamandre
1974
Le Milieu du monde
1976
Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000
1978
Messidor
1981
Les Années Lumière
1983
Dans la ville blanche
1987
La Vallée fantôme
1987
Une flamme dans mon cœur
1998
Requiem
2004
Paul s’en va

The Record

En avant-projection
  • Réalisation: Jonathan Laskar
  • CH 2022
  • 9 minutes
au film principal

The Record

En présence du réalisateur, vendredi 9 février

Un voyageur offre à un antiquaire un vinyle magique. «Il lit dans votre esprit et joue ce que vous avez en mémoire». Obsédé par ce disque sans fin, l’antiquaire l’écoute encore et encore, et les souvenirs refont surface.