The Hill Where Lionesses Roar

Séance du
  • Réalisation: Luàna Bajrami
  • FR/XK, 2021
  • 83 minutes
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The Hill Where Lionesses Roar

Dans un coin perdu du Kosovo, trois adolescentes, Qe, la cheffe de bande, la pimpante Li et la mélancolique Jeta, sont étouffées par la tradition patriarcale. Elles ont la lionne pour totem, elles lui empruntent son rugissement pour exprimer leurs frustrations, leur colère, leurs grandes espérances. Cet été-là, le trio est rejoint par Lena, une concitoyenne qui a eu la chance d'émigrer à Paris. Rien ne pourra les arrêter dans leur quête d'indépendance.

Générique

Réalisation
Luàna Bajrami
Scénario
Luàna Bajrami
Production
Luàna Bajrami, Adrien Ferrand, Pascal Judelewicz, Quentin Just, Val Rahmany
Photographie
Hug Paturel
Montage
Michel Klochendler, Juliette Penant
Musique
Aldo Shllaku
Interprétation
Luàna Bajrami (Lena), Andi Bajgora (Zem), Flaka Latifi (Qe), Era Balaj (Li), Urate Shabani (Jeta)
Origine, année
FR/XK, 2021
Durée
83 minutes
Distribution
Xenix Film

Citation

Incarné par une bande de comédiennes stupéfiante de naturel, d’énergie et de charisme, La Colline où rugissent les lionnes vous déstabilise autant qu’il vous emporte. Une cinéaste est née.

Thierry Chèze
Première

Commentaire

Tout droit venu d’un pays rarissime au cinéma, "La Colline où rugissent les lionnes" est un essai prometteur sur la féminité conquérante, à mille lieues des figures consensuelles qui guettent les premiers films : tout passe en fait dans le regard aussi aimant que vorace de la cinéaste, qui évite de s’embarrasser d’un discours moral au profit de la densité des images. Densité qui est d’abord celle de ces corps, sublimes dans leur authenticité, presque dangereux dans leur indocilité.

C’est que leur féminité est déjà libérée de toute emprise esthétique, de tout artifice – pas de maquillage, pas de soutien-gorge... –, assumée dans sa belle sauvagerie. La jeune cinéaste les filme comme on filmerait l’ondulation des grands félins, prêts à bondir par instinct de survie. C’est qu’il s’agit bien, sur cette terre brûlée, de trouver la force de vivre : en rugissant en chœur, les filles transcendent l’ennui par la sororité et font de leur condition une fierté.

Voilà un beau geste de la part d’une jeunesse qui a des choses à dire, Luàna Bajrami s’étant décentrée pour inventer trois amazones à son pays d’origine, éclairant d’une lumière quasi mystique les problématiques de sexisme et de misère sociale qui l’agitent.

David Ezan
troiscouleurs.fr, 7.10.21

Dans la production cinématographique kosovare, peu ou prou, en arrière-fond, la trace de l’émigration – l’aspiration à partir et/ou les conflits larvés avec celles et ceux qui sont parti·es, un peu de jalousie aussi peut-être. "La colline où rugissent les lionnes" est à cet égard intéressant puisque sa jeune réalisatrice de 21 ans est issue de la diaspora. Son point de vue est légèrement décalé, mais reflète très honnêtement ce hiatus qui sourd dans pratiquement toutes les familles kosovares.

Luàna Bajrami avait 18 ans lorsqu’elle a tourné ce film. On lui pardonnera quelques égarements scénaristiques et quelques faiblesses de réalisation, son propos capturant parfaitement l’air du temps de la jeunesse kosovare que nous avons rencontrée à Prishtina, entre frustration de ne pouvoir raccrocher le train de l’Europe – nombre d’entre elles et eux, faute de visas Schengen, se rendent en Turquie pour leurs études, pays qui use de ce soft power pour remettre dans son giron d’influence un pays dont une très grande partie de la diaspora se trouve en Europe… –, et espoir de construire un pays moderne, désenclavé, partie prenante de la marche du monde.
Lors de la projection au Festival du film de Pristina 2021, où le film a remporté deux prix, la salle était pleine à craquer de jeunes gens qui ont acclamé l’équipe du film, enthousiastes et heureux que l’on parle d’eux, de leur énergie et volonté à défricher leur propre chemin. Une jeune femme nous a dit qu’elle se retrouvait un peu dans tous les personnages féminins, entre démarche raisonnée et pulsion de révolte ; une autre, sous le choc, nous a confié qu’elle était revenue de Turquie au Kosovo pour s’occuper de ses parents et que la phrase de fin du film, « il ne faut jamais revenir  en arrière », l’a transpercée dans la justesse du sentiment qu’elle refoule depuis son retour : « car j’ai fait l’erreur de rentrer ! ».

Malik Berkati
j-mag.ch, 3.5.2022

Récompenses

2021
Sarajevo Film Festival: Best Actress (Era Balaj, Flaka Latifi, Urate Shabani)
2021
Stockholm Film Festival: Best Directorial Debut, Best Screenplay.
2021
Warsaw International Film Festival: FIPRESCI Prize.
2021
Raindance Film Festival: Best Director

Filmographie

2023
En attendant que mes larmes viennent (Kf/cm)
2023
Bota Jone
2021
The Hill Where Lionesses Roar

À l’Ancienne

En avant-projection
  • Réalisation: Yasmine Bahechar
  • CH 2020
  • 19 minutes
au film principal

À l’Ancienne

Un départ peut chambouler beaucoup de choses. Il y a ceux qui partent et ceux qui restent. Ceux qui partent, laissent derrière eux des souvenirs. Ceux qui voient les gens partir, détiennent la mémoire et gardent les souvenirs.